Á ma visite de reconnaissance (la seule de tout le trajet), j'avais abandonné l'idée du départ symbolique de la plage d'Hendaye: pas de place dans cette urbanisation balnéaire pour un camion et deux équidés.
J'avais prévu cette première petite étape de "mise en jambe" et de découverte du dénivelé à pied, en compagnie de mon père, occasion pour moi de faire un truc un peu sympa avec lui, de lui offrir un petit bout de "ma planète cheval". D'autant que lui il connait bien ce coin là de montagne qu'il arpentait quand il était jeune donc l'idée l'a bien séduit, de se faire en rando avec cheval de bât ces circuits de son adolescence.
A pied, certes, mais expérimentation: juments totalement pieds nus, pour voir, pour les observer, savoir si le lendemain partir pieds nus ou avec hipposandales, etc.....
Vous allez le lire plus loin, à ce sujet je ne serai pas décue du voyage...
Départ donc le 18 Juin 2007 des hauteurs d'Hendaye, direction Olhette via le fameux col d'Ibardin (ventas à gogo): Jardi (championne d'Aquitaine de Hunter E1 de la veille) délaisse les flots pour le paquetage, et Vic enquille ses premiers kilomètres de randonneuse..........................
La baie de St Jean de Luz, vue du Col d'IbardinVic, apprentie randonneuseEtape de 20km, à pied et pieds nus donc, avec une moyenne (d'escargot) de 2,5 à 3 km/h.....Moyenne d'escargot baveux qui se traine due.... aux pieds nus!!!!!
Dans la matinée, aucun problème d'avancée: cotes comme descentes, nous arquons un bon 3 km/h... Les juments sont nikels.
A la mi journée, je commence à noter que les juments raccourcissent leur foulée, les deux!!! Jardi je m'en doutais, mais Vic, jamais ferrée, pieds d'airain, je suis sacrément surprise que la sensibilité due à l'usure paraisse au bout de 10 kms!!!..............
Suite de la journée: vire à la catastrophe... Nous entrons dans les pierriers, et je constate avec horreur que les juments, considérant le sentier muletier par trop inconfortable, s'appliquent à choisir...... les dix centimètres de pelouse qui bordent le RAVIN!!!! Je maudit les pieds nus, potentiellement, dans ce cas là, source de toute pièce d'un accident grave, et exhorte mon père à faire marcher la jument sur les dix centimètres de pelouse si elle veut, mais coté montagne!!! Je m'applique à faire de même avec Vic, qui s'étalera trois fois de tout son long dans le chemin muletier, coté montagne...... et se relèvera à chaque fois sans aucune blessure, hormis l'explosion de l'antérieur droit dans laquelle logeait une seime contre laquelle mon maréchal et moi nous battons depuis un an.... De ce moment, Vic sera encore plus sensible, le pied visiblement à vif.................
Je maudis ces
:elephant:
:cat:
de fanatiques du mouvement pied nus et leur intox "planète bisounours" et décrète hipposandales en urgence dès le lendemain pour tenter de faire disparaitre le comportement dangereux développé par les deux juments de marcher sur la bordure de chemin muletier..................
Le pied de Vic après explosion de la seime le premier jour...Le trajet est néanmoins idyllique ou pas loin, malgré tout: disons que la montagne est belle, les juments vont bien (mis à part les pieds
) et........ nous croisons nos premiers troupeaux de pottok... avec un entier à chaque fois bien sûr. On gère. Pas de pb.
Pause de midi, nous sommeillons un repos bien mérité lorsque, tintannabulant, débarque un troupeau.... Toujours allongée, je zieute: pas d'entier, pas d'entier... oh..p.... m... le voilà (encolure +++ et air décidé): je m'interpose, il continue à avancer, je ramasse une forte branche à terre et le charge, il détale, mais au bruit de galop je comprend qu'il est en train de faire le tour du bosquet pour me contourner...!! Je pique un sprint, gourdin à la main, lui tombe sur le râble alors qu'il menait effectivement cette manoeuvre à bien, lui brise mon gourdin sur le dos, le vois repartir dans l'autre sens galopant pour refaire le tour!!! Je bondis à nouveau pour le devancer, et là, là p'tite racine qui va bien sur l'organisme à froid qui sort du repos: j'entend CRAC dans mon genou qui s'effondre sous moi........ Ce qui me reste de mon gourdin à la main, je vois l'entier pottok fort heureusement se faire une raison et battre en retraite.................
Mon père n'a pas eu le temps de faire quoi que ce soit, action trop rapide. Et tous les deux on est désolés: entorse du genou, et très certainement pour moi la fin de la piste dès le premier jour.
Je plonge mon genou dans le ruisseau et quelques temps plus tard repartirai en clopinant, mais en pouvant encore marcher, bien que n'ayant que peu d'illusions sur ce qui m'attendrait le lendemain à froid....
Arrivée peu glorieuse au gîte d'Olhette, à bout de douleur et d'énervement de voir mes juments se mettre en danger à chaque pas à cause de ma connerie de pieds nus. Je les soigne, pare les pieds (ce qui me vaudra l'admiration non dissimulée du basque local), me bourre d'Arnica en dose homéo et me masse le genou avec une crème miracle dont ma pharmacie a le secret (Rudistrol), demain est un autre jour, demain peut être la fin du voyage à peine commencé, mais il me restera au moins ces retrouvailles avec mon père, ravi de sa promenade, qui m'avoua ensuite avoir chez lui passé "toute la nuit avec Jardineira sur son épaule", marqué par la présence de la jument qu'il avait mené et protégée toute la journée..........................
Mon père Jean Renaud & Jardineira (le gîte est au pied de la Rhune que l'on voit au loin avec son antenne