Voici un petit compte-rendu de la conférence de ce samedi, thème intéressant :
Café rencontre sur le thème de l’apprentissage. Echanges avec Léa Lansade, chercheuse en éthologie à l’IFCE.
1/monde sensoriel du cheval
- Couleurs : par rapport à un humain, le cheval serait +/- daltonien
- Vision : vision panoramique très bonne, mais vision en dessous et au-dessus des yeux mauvaise : nécessité bouger la tête pour adapter. Par ex, les chevaux en rollkur ne voient que leurs sabots.
2/ce que disent les études
Capacité à catégoriser : par ex, sélection formes ajourées. Apprendre à apprendre : plus ils apprennent, plus les connexions se font. Pas de limites connues au nb de choses apprises.
Ce qui m'a vraiment beaucoup intéressé :
Mémoire à court terme : peu de mémoire à court terme. Les différentes études s’accordent à montrer que globalement, cette mémoire est de +/- 4 secondes. D’où la nécessité de récompenser ou relâcher la pression des aides immédiatement (en gros dans les 2s) si on veut fixer un comportement. En conditions de stress nulles, certains chevaux vont jusqu’à 20s. Les chiens et chats ont une mémoire à court terme bien meilleure (en même temps, on voit mal un chat en planque devant le terrier d’une souris se dire au bout de 4 secondes ; mais qu’est-ce que je fous là, déjà ?????!!!
)
Mémoire à long terme : éléphantesque. Rien ou presque n’est oublié. Les mauvais comportements comme les bons sont présents dans la base de données, et ressortent selon les conditions. Par ex, un cheval qui sait qu’il peut virer son cavalier ou ne pas monter dans le van ou que sais-je, gardera ce comportement à disposition : un bon comportement appris n’écrase pas la version précédente, même si la mauvaise version n’apparait pas/plus.
Chevaux peureux versus chevaux calmes : les chevaux peureux sont très performants avec le renforcement négatif, car ils sont très en éveil et toujours prêt à fuir la pression. Ce sont eux qui peuvent avoir le plus de mémoire à court terme dans des conditions non stressantes, jusqu’à 20s. Par contre, en cas de stress, ils descendent très vite en efficacité et deviennent les plus mauvais élèves. Elle citait l’exemple d’une étude qu’elle avait fait récemment sur les chevaux de dressage du cadre noir (allemands et SF) qui étaient extrêmement peureux, et sélectionnés entre autre sur ce caractère qui leur permettaient d’être plus performants dans la discipline dressage. Avec ce type de chevaux, les codes sont ultra clairs et vite perçus. La discussion a ensuite dérivé sur le nombre de chevaux SF diversement rétifs ou immontables.
Sinon, en terme d’apprentissage, il n’y a globalement pas de cancres et de surdoués, mais plutôt des méthodes qui conviennent ou pas à tel type de chevaux. Une 15aine de répétitions réussies seraient une moyenne minimum pour fixer un apprentissage. Sinon, par rapport à la distribution de l’apprentissage, l’apprentissage distribué (1 fois par semaine) est plus efficace que l’apprentissage massé (plusieurs fois par jour ou 1 fois par jour) dans ses études.
Pour ce qui est des termes, elle a parlé de renforcement négatif : pour faire apparaitre un comportement et de punition : pour faire disparaitre un comportement, montrer ce qui est bien ets pas bien.
Habituation/sensibilisation. La différence est évidente en pratique, mais dans les faits, pour avoir merdé et sensibilisé ma jument à la tondeuse au lieu de l’habituer
, c’est plus clair dans ma tête :
- Habituation : on part d’un niveau de base qu’on augmente. Après, reste à trouver le seuil de tolérance de base, c’est là qu’il faut être très attentif. Pour ma jument, entendre la tondeuse posée sur un tabouret à l’autre bout de la cour, c’est trop. D’où le plantage, que je n’ai longtemps pas compris.
- Sensibilisation : on part d’un niveau élevé puis on diminue (exemple de la chambrière).
Apprentissage à notre insu : quand on a regardé des vidéos d’un stage sur l’apprentissage fait par l’intervenante avec différents stagiaires, il y des tas de choses qui nous ont sauté aux yeux, des erreurs grossières qu’on pense toujours ne pas faire. Notamment vouloir apprendre un truc, et que le cheval en déduise autre chose. Dans ce cas, l’élève tentait d’apprendre le pas espagnol à un cheval, et le timing de son intervention faisait qu’il a appris à son cheval à bouger les hanches, en tapotant avec sa badine sur le genou. Là l’exemple est bateau et parait évident, mais d’où l’intérêt de se filmer lors des apprentissages, parce que les élèves n’étaient pas des débutants loin s’en faut, mais il y avait pléthores de gestes parasites.
Transmission œil droit/œil gauche via le corps calleux : quand on apprend un truc à un cheval avec un œil bandé, si on change d'œil, il percute immédiatement.
A priori pas d’
apprentissage par imitation, en tout cas pas encore prouvé. Par contre quand un cheval s’intéresse à quelque chose, il est fréquent de voir un autre cheval venir voir ce qu’il se passe, et d’essayer des trucs à ce sujet. Plutôt un phénomène d’intéressement avec essais/erreur, donc.
Pour info, l’asso organise le week-end du 15-16 juin un stage d’équitation centrée à proximité de Tours (37) avec Betty Gallo (
http://www.chevalvert.com/UPLOAD/rubrique/pages/32/32_rubrique.php)
Il reste 2-3places, si ya des gens intéressé contacter Eva :
quadrupede3@gmail.com