Samedi 10 et dimanche 11 novembre, je suis partie direction le Manège des Kà à Vuadens dans le canton de Fribourg en Suisse pour un week-end de découverte de l'équitation centrée avec Christa Müller, instructrice niveau IV.
Rendez-vous à 9 heures au manège, Vuadens est à 2h30 de route de chez moi, haut les coeurs! Je prévois large (j'aime pô les réveils à 5 heures du mat) et j'arrive une demi-heure en retard à cause de ces £&§§§?£ de douaniers qui m'ont fait des misères à la douane. A force, je vais être vraiment blindée pour passer cette fichue frontière finger-in-ze-nose. En attendant, coup de speed pour prendre le train du stage en marche. Christa Müller est Suisse Allemande, donc parle Suisse allemand... ça ressemble à de l'Allemand, mais ce n'est pas de l'Allemand. Heureusement elle est accompagnée d'une charmante et efficace traductrice, qui a eu bien du mérite tout au long de ce week-end en Suisse Romande.
Le schéma général du stage: début à 9 heures - théorie et exercices à pied jusqu'à 11 heures - puis 1 heure à cheval par groupe de 4 (nous étions 12) - 16h30/17h30 débriefing et questions.
SamediTout d'abord, présentation de chacune des participantes (nous n'étions que des femmes): expérience équestre, connaissances en équitation centrée, motivation et objectif de stage. Pour ma part, j'ai lu le livre de Sally Swift, qui m'a rappelé des souvenirs d'adolescente (je soupçonne fortement ma prof d'avoir rencontré Sally Swift pendant ses études en Angleterre). Comme je dois tout repenser de ma pratique à cheval, ça m'a tilté et j'ai voulu essayer en vrai. Mon objectif: pouvoir recommencer à monter à cheval correctement, et trouver le moyen de communiquer avec mon cheval quand je suis sur son dos.
Christa nous expose les bases de l'équitation centrée, dessins et squelette humain à l'appui.
- Prendre conscience de ses ischions, de leur importance, et de leur positionnement. Trouver la position neutre. L'importance des répercussions des défauts de postures sur les ischions et les points de pression décalés que ça engendre.
- le centre. Trouver son centre, prendre conscience des sensations différentes engendrées par le centrage. Ancrage dans la terre.
- Diriger avec le nombril.
- le regard doux, c'est-à-dire global, non concentré sur un point particulier intérieur ou extérieur.
- la respiration.
Les exercices proposés:
- assis sur une chaise les tibias verticaux, placer les doigts sous les ischions. Passer de l'antéversion à la rétroversion (nombril en avant et cow-boy fatigué) > trouver la position neutre, c'est-à-dire quand les ischions regardent en bas.
- même position, pousser le menton vers l'avant (compenser une rétroversion), regarder vers le bas, pencher sur un côté puis l'autre > importance de l'alignement des blocs
- même position, imaginer une petite volte. Tourner en poussant sur une jambe, puis tourner en dirigeant le nombril dans la direction souhaitée.
- Debout, pieds parallèles écartés de la largeur des hanches, une main sur le ventre pouce sur le nombril, une main sur les lombaires, visualisation pour trouver le centre.
- Debout, nous avons marché toutes ensembles dans un tout petit espace, avec la consigne de ne pas se heurter. Nez vers le sol (= regard dur), puis tête droite avec un regard élargi (= regard doux). La différence est flagrante. Difficile à faire avec le regard dur, facile comme tout avec le regard doux.
Après-midi.
Je monte de 14h30 à 15h30. Je suis la première en selle, car il faut toujours un peu de temps à Cisko pour jeter son feu (c'est pour ça que je viens!), d'autant que je vais essentiellement lui demander de marcher et trotter, deux allures (surtout le pas!) qu'il ne pratique pas depuis longtemps avec un cavalier sur le dos. Christa me corrige immédiatement les jambes: trop en avant, trop tendues et le pied insuffisamment chaussé. Le plancher de l'étrier se trouve juste derrière l'articulation du gros orteil après sa correction.
Premier exercice: nous sommes tenus en main , rênes lâchées, yeux fermés, pour faire le même exercice de visualisation du centre que le matin, en plus approfondi. L'effet sur les chevaux est assez immédiat, et plus ou moins marqué: ils bougent mieux, sont moins speed, voire tout ramolli pour les moins nerveux.
Nous reprenons les rênes. Il faut garder les sensations expérimentées les yeux fermés avec les yeux ouverts et sur des petites voltes. Conserver un contact égal sur les deux ischions sans tomber à l'intérieur du virage. Puis la même chose au trot.
En début de séance Christa nous demande ce que nous cherchons, ce que nous demandons à notre cheval et ce que le cheval nous demande. Puis à la fin de la séance. Pour moi, cette première séance fait l'effet d'une énorme baffe dans la figure. J'ai l'impression de tout reprendre à zéro. Un encouragement en fin de séance: même si je suis comme une balle de ping-pong sur le dos de mon cheval, nous réussissons à faire quelques foulées de trot à une allure normale. Mais je suis très mal dans ma selle, pas à ma place. Je me sens complètement déphasée, je n'ai pas les deux mêmes côtés, mes jambes partent en avant systématiquement. Mon cheval se tortille comme une anguille, précipite, je n'arrive pas à avoir une trajectoire correcte, et je sais que ça vient de moi. Je sors de ma première journée de stage complètement abattue.
DimancheMême schéma de journée, les présentations en moins. Nous commençons directement avec les exercices, avec des balles médicales d'une quinzaine de cm de diamètre que Christa nous fournit. Deux chacune, une sous chaque ischion.
Nous commençons les exercices assises sur les balles, jambes à l'équerre devant nous. Les balles simulent le dos de notre cheval, elles réagissent comme son dos à nos sollicitations. Nous ne devons pas nous aider des pieds pour bouger, le mouvement doit venir du bassin. Nous pouvons nous tenir au banc pour maintenir les épaules aussi immobiles que possible.
- Trouver son équilibre, donc son centre, sur les balles. Ischions en position neutre, puis passer de l'antéversion à la rétroversion pour sentir la différence. C'est incroyable comme on peut bien se rendre compte des indications que l'on donne, la direction des forces exercées.
- Nous faisons des 8 couchés avec les balles, dans un sens puis dans l'autre, toujours pieds au sol sans appui et sans bouger les épaules.
- mains à l'équerre devant nous pour simuler les rênes, nous expérimentons des tourner: en poussant avec une jambe, en cassant la taille, avec le nombril, menton en avant, en ne tournant que les épaules, en maintenant le nez dans l'axe du nombril.
- Puis nous travaillons avec une seule balle sous un ischion: souplesse vers le haut (longitudinale?). L'autre ischion reste en contact avec le banc. Moins simple qu'il n'y paraît. ^^
- Debout, une balle sous un pied. Nous la faisons rouler avec un peu de pression sous les orteils, sous la voûte, sous le talon, sous l'extérieur du pied, puis nous prenons appui sur la balle en faisant des petits pas sur place. Même chose de l'autre côté. C'est un exercice génial pour se sentir tout léger! C'est très très agréable.
- Avec les deux balles: sous les orteils - sous les talons - au milieu du pied. Oui, oui, debout sur les deux balles... Quand on a trouvé son centre, ça fonctionne. Nous avons essayé la position du saut et remonter, également (curieusement, j'ai eu moins de problème dans cette position. Peut-être que je l'ai moins travaillée, donc moins pourrie, depuis mes jeunes années).
A cheval
Prenant acte de mes difficultés de la veille, je recule ma selle et je rallonge mes étriers d'un trou. Cisko connait maintenant le manège, il est moins aux aguets.
Dès que je suis en selle, je fais l'exercice de visualisation pour trouver mon centre. Mon cheval réagit plutôt bien: il reste au pas. J'essaie de garder les pieds à la place où Christa les a positionnés. C'est plus facile qu'hier, mais pas encore acquis.
Tourner avec le nombril. J'ai appris à regarder où je vais, voire le centre de ma volte. Là je dois regarder ma trajectoire, en partant du bassin, et en gardant un contact égal sur les deux ischions. Exercice pour nous faciliter la prise de conscience: les deux rênes dans une main (extérieure), lever la main intérieure depuis le centre au-dessus de la tête, doigts tendus. Très efficace pour ne pas tomber dans le virage. Là, j'ai compris deux trucs (visualiser sa trajectoire dans l'instant et équilibrer les ischions en tournant, au moins au pas).
Demander au cheval de trouver notre main, puis notre coude, épaule, muscles dorsaux et enfin le centre, sur des rênes mi-longues à longues (selon le cheval). Résultat: des chevaux placés sur des rênes flottantes. même les vieux chevaux de balade. Une écoute partagée impressionnante.
Même chose au trot. Et Cisko et moi avons réussi. J'ai enfin pu faire presqu'un tour de manège avec un cheval cadencé sur un trot moyen. Il m'a fallu trouver le moyen de communiquer avec lui, que lui comprenne et percute, et nous avons réussi et c'était formidable. La première victoire était que je ne sois pas obligée de remonter sur les rênes avec un cheval complètement à l'Ouest, mais qu'en plus il baisse en pression: wahou. Conclusion: c'était bien moi qui le mettait dans cet état, lui qui est une montagne de générosité (du genre à faire une crise cardiaque entre les jambe de son cavalier) et qui ne sait que réagir à fond à la moindre sollicitation.
Même rituel de questions avant/après. Chaque cavalier a été vu individuellement, le temps nécessaire pour travailler le point corrigé. Tous les niveaux étaient représentés, depuis la cavalière débutante de balade à la cavalière dressage niveau Grand Prix. Tout le monde y a trouvé son compte, puisque cette méthode peut s'appliquer à toutes les disciplines.
Bilan: je signe tout de suite! J'ai d'ailleurs déjà pris mes renseignements pour suivre d'autres stages en 2013. Il n'y a malheureusement pas d'enseignant qualifié III (le minimum pour enseigner l'équitation centrée) a fortiori IV en France, mes ces instructeurs se déplacent. En Suisse francophone, 3 stages sont agendés, dont deux à 1h30 de chez moi. Je ne vais pas me priver, si les finances suivent... Va falloir que je me mette au Suisse allemand.
La lecture indispensable, c'est le premier livre de Sally Swift, Equitation Centrée. Elle en a fait un second, Equitation centrée: pour aller plus loin... à ne lire qu'en second. On peut faire un stage sans lire les livres, et on lit mieux leslivres après avoir fait un stage. Comme toute expérience subjective, je dirais.
Le site de l'organisatrice du stage:
Cheval-harmonie Ca s'ouvre sur une page en allemand, mais il en existe une version française, faut chercher le petit fr en haut à droite. Christa Müller n'a pas de site, malheureusement.