Impulsion, écoute et stop. Dernière ligne droite: du vrai dressage et pas de la gestion
d'urgence de situations désespérées.
Ou en fait: comment faire pour que ces situations désespérées
n'arrivent pas?
Comment faire aussi pour un arrêt efficace et non brutal en
extérieur? Car sans cet arrêt d'urgence, il n'y a pas de notion de
sécurité.
Ce qui est quand même le but du dressage.
Pour les chevaux qui ne s'arrêtent pas bien, pour les chevaux qui
partent en trainant les pieds et reviennent avec trop d'allant....
Globalement, sur ces "symptomes", je dirais qu'il faut travailler, en
bloc les trois aspects qui sont le titre du post.
Impulsion: sans impulsion il n'y a pas d'utilisation du cheval, il
n'y a pas d'équitation en somme. Et un cheval qui part de l'écurie en
trainant les pieds a un problème d'impulsion, indépendemment du
problème d'instinc grégaire. Il n'est pas motivé. Son travail ou
l'activité qui lui est proposé ne lui est pas agréable. Et surtout,
surtout, il n'a pas découvert que l'engagement dans l'effort est
agréable (sécrétion d'endorphines).
Ecoute et stop: le corrollaire de l'impulsion, c'est qu'il faut
pouvoir conserver un contrôle, même si on en a beaucoup, sinon
l'utilisation n'est pas du tout "sécurité".
Donc en bloc, on traite le problème en associant intimement ces deux
aspects, car sans cela il n'y a pas d'utilisation sécurité.
Parenthèse sur les méthodes: le PNH est très carré sur
l'aspect "controle" et sécurité, par contre très insuffisant sur la
valorisation de l'effort. En équitation club, c'est le contraire:
beaucoup d'impulsion et zéro psychologie, basé sur un controle
physique très aléatoire. Il faut parvenir à trouver le cocktail qui
VOUS convient entre les deux, mais en conservant cette
approche "globale". L'equitation et un cheval bien dressé ce n'est
pas juste de l'impulsion ou juste de la sécurité, ce sont les deux en
simultané. J'enfonce des portes ouvertes mais il me semble que c'est
important de souligner les "failles" dans les discours typiques
auxquels on peut être confrontés, pour pouvoir faire sa propre sauce,
quelque part au milieu...............
Donc votre jeune cheval qui ne sait pas grand chose, ou votre cheval
à rééduquer, améliorer, etc (mou ou qui embarque, ou qui s'arrete pas
bien, au choix), vous le prenez, pansez gentiment et.....
C'est parti pour les EXERCICES DE BASE: le pas et stop.
Il s'agit d'une scéance courte à faible effort physique et grosse
concentration. Au choix à pied en extérieur ou à cheval manège ou
extérieur.
Votre but: du moment ou vous posez les fesses sur le cheval et lui
donnez le signal d'aller au pas jusqu'au moment ou vous descendez,
vous allez demander un pas ALLANT, ample, généreux. Le stop devra
être immediat. Le nouveau départ au pas vif et spontané. Cela va être
votre seule et unique exigence pour ces "lecons". Et vous allez être
EXTREMEMENT exigeant sur ces choses très simples.
Protocole à pied: cheval avec licol de pression ou cavecon ibérique
ou tout ce que vous voudrez, dresseur à pied muni d'un stick de
dressage. Vous êtes sur le coté gauche du cheval (mais vous pouvez
bien sur tout inverser par souci de symétrie), main droite tient la
longe, mains gauche le long de la jambe tien le stick et le flot de
longe. Le stick est inerte vers la terre tout le temps, sauf
lorsqu'il s'agit d'agir: sans vous détourner de votre trajectoire ni
bouger votre attitude, votre main pars derrière vous pour aller
titiller, attaquer si besoin au niveau de grasset, flanc, dessous de
la fesse, très loin "derrière". Lorsque votre main doit agir, elle
entre en vibration sur une longe tendue, et la vibration s'accélère.
Lorsque le cheval est bien dans l'action, IL DOIT ETRE TOTALEMENT
LIBRE: zéro tension ni action sur la longe, chambrière totalement
loin de lui, invisible, disparaissant dans votre corps et le sol.
Vous demandez "marchez", sans vous bouger, et si il ne démarre pas le
stick part à l'attaque derrière (attention: attaque = souvent une
micro vibration suffit!!! commencer très subtil, ils sont tous TRES
sensibles!), au moindre pas vers l'avant, on est inerte (grand
confort) et on le suit (il doit marcher un peu devant vous) en le
félicitant. Si il ne marche pas suffisemment hardiment, on
demande "devant" ou "allez" (avoir un code spécifique pour le
maintien de la qualité d'une allure, qui n'est pas celui de la
transition) en remettant sous inconfort derrière: si il bondit en
avant, surpris, on suit en disant "oui, c'est bien!!".
Il faut absolument valoriser son engagement dans l'effort, et le
faire assumer la position "seul devant à avancer"... la position de
la locomotive.
Des qu'on a un bon pas, on demande un arrêt à la voix. "ho" ou tout
autre code vocal: si pas de réaction on entre en vibration sur la
longe. Dès immobilité, grandes félicitations, cheval libre. Tout
comme en PNH, la bonne communication est basée sur votre faculté
d'observation et de vélocité à savoir rendre, encourager, féliciter
au moindre signe dans votre sens.
Ne pas faire trop long (lasse le cheval). Faire court et efficace.
S'arrêter dès qu'on a: un BON pas, un BEAU stop à la voix seulement.
On félicite abondemment et c'est fini pour aujourd'hui.
On recommence ces micro scéance minimalistes jusqu'à ce que le cheval
bondisse au pas en avant à la demande vocale, s'immobilise de même,
maintienne sans effort un bon pas et "s'y plaise"... Normalement, un
signe qui ne trompe pas est que les oreilles se mettent franchement
en avant, en "détecteur de trajectoire": le cheval se focalise non
plus sur vous mais sur ce qui lui est demandé = une action vers
l'avant.
Protocole monté = idem. On part pour une belle balade au pas, où l'on
ne tolèrera pas autre chose qu'un "pas de randonneur", ample, allant,
de a à z. Ce qui signifie pour le flemmard qui traine les pieds en
partant une lecon de jambe très claire répétée autant de fois que
nécessaires. Lorsque vous avez eu 3-4 minutes de bon pas, cheval
complètement libre (rènes longues, zéro action de jambe), n'oubliez
pas de continuer de temps en temps à lui manifester votre
satisfaction de ce travail bien fait "oui c'est bien, on marche bien"
+ caresse. Lui remonter les bretelles à la moindre faiblesse. Si il
n'en peut plus de cette "pression psychologique", ayez la finesse de
lui offrir une "récréation" d'un bout de chemin au trot (exigez un
départ franc, vif, quitte à avoir un trop limite trop vif par
agacement): dans ce trot "trop" vif, félicitez abondemmment, cheval
libre... interdiction de toucher aux rènes pour lui demander de
ralentir (n'intervenir que si il prend le galop).
Sur le chemin du retour: appel simultané des jambes, buste grandi en
inspirant et regard loin + "ho" (action des mains si necessaire): dès
que les 4 pieds touchent le sol vous vous jetez à terre et dessanglez
en félicitant. Vous rentrez à pied.
Renouveler avec finesse et psychologie, mais fermeté et une haute
exigence sur l'engagement dans l'effort et la précision, jusqu'à
obtension d'un cheval transformé: vif, allant, à l'écoute.
La démarche, bien loin de l'éthologie (et pourtant c'est du "confort-
inconfort") peut paraitre sévère, mais ne fait que poser avec clarté
les trois éléments essentiels qui sont la base de tout: impulsion,
écoute et stop.
Pour tout le reste, tout le reste qui ne sont en comparaison
que "d'aimables et très accessoires fioritures", on pourra ensuite
être super cool, très tolérants et doux, mais pas là dessus. Et si
vous faites bien votre travail, lorsque le cheval découvre que
l'engagement dans l'effort lui permet de se sentir libre, vous le
verrez prendre une physionomie qui ne trompe pas sur son état
d'esprit: content. libre. action. "cheval"