LES COLIQUES

Voilà le volet de la conférence véto mentionnée dans ce post https://canter.exprimetoi.net/t408p30-conference-veto-sur-la-prevention#11913 , volet qui détaille la gestion de l'urgence lors de coliques ainsi que la prévention à ce sujet.


Il est important d'avoir lu le volet : https://canter.exprimetoi.net/t488-le-normal-mesure-des-parametres-vitaux-d-un-individu avant d'avoir besoin de lire celui-ci.


Le terme de coliques désigne un ensemble de symptômes au cours desquels le cheval manifeste des signes de douleurs abdominales.


Signes avant coureurs, qui peuvent être détectés la veille ou quelques heures avant les symptômes de douleurs :

- cheval qui boit moins que d'habitude
- cheval qui mange moins, voir pas du tout.


Symptômes de coliques :

- sueur (en particulier au niveau des flancs)
- cheval qui gratte ou qui s'agite
- cheval qui se regarde les flancs
- se couche et se relève sans cesse, se roule anormalement

Les symptômes peuvent être très discrets ou très violents.
Il n'y a pas de rapport entre l'intensité de la douleur et la gravité de la colique.



Attention, les symptômes d'obstruction de l’œsophage (bouchon de granulé, pomme entière) peuvent être analogues à ceux de coliques.

Le CR sur l'obstruction œsophagienne est parti par là : https://canter.exprimetoi.net/t490-bouchon-oesophagien#11935

Evaluer la gravité de la situation :

• mesurer la FC - la noter pour pouvoir suivre l'évolution et éventuellement la communiquer au vétérinaire.
  
  L'augmentation de la FC, par rapport à sa valeur normale pour l'individu concerné, est directement reliée à la douleur ressentie.
  FC<60 : le propriétaire peut gérer seul le problème
  FC>60 : la situation est grave et il faut appeler le vétérinaire
  FC>80 : la situation est très grave - le cheval doit être emmené en clinique
  FC>100 : mortel
  Note : trop de douleur trop longtemps amène à des problèmes cardiaques.

• observer les muqueuses : plus la couleur est modifiée par rapport à l'état normal, plus c'est grave.

• écouter les bruits intestinaux, si on entend rien pendant plus d'une minute, c'est inquiétant. Et très grave si on entend rien du tout.

Conduite à tenir

Sauf en de très rares cas, il vaut mieux faire marcher. Ne pas forcer le cheval à marcher s'il s'y refuse complètement, il est alors possible d'être dans les "rares cas".

• Cas "FC<60 : le propriétaire peut gérer seul le problème "
  
  
  Faire marcher pendant 15 à 30 min environ pour essayer de faire passer la crise. L'empêcher de se rouler (risque de provoquer une torsion), l'empêcher de manger. Laisser boire.
  
  Cela peut suffire s'il s'agit d'une colique de stress : le mouvement fait passer le spasme et cela distrait le cheval de son problème.
  (plus le cheval stresse et plus il va faire des spasmes, plus il fait des spasmes et plus il a mal, plus il a mal et plus il stresse…).
  
  Si le cheval fait des crottins ou urine, proposer quelque chose à manger (pomme, carrotte). S'il mange, c'est que la crise est passée.
  
  
  Si marcher le cheval ne suffit pas à améliorer les choses : injection d'antispasmodique (Calmagine, Dipyralgine, Novalgine…) : 40mL pour un cheval de 500kg (lire la notice) :
  
  - en une fois si on le fait en IV (préférable si on sait faire)
  - en deux fois 20mL en IM, une injection de chaque côté de l'encolure.
  
  L'injection en IM est aussi efficace que l'injection en IV, mais sera plus lente à faire effet. compter une réponse en 10min pour l'IV, 20 à 30 min pour l'IM. Faire marcher en attendant que ça fasse effet.
  
  Noter l'heure et la dose injectée (en cas d'appel au vétérinaire si les choses s'aggravent).
  
  Si l'injection d'antispasmodique n'a pas d'effet, ou un effet réduit (moins de 6 heures) : appeler le vétérinaire.
  La durée normale de l'effet des antispasmodiques est de 6 heures environ (6 à 8 heures).

• Autres cas
  
  Dans les cas graves (FC>60, couleur des muqueuses nettement modifiée et/ou cheval très agité) : appeler le vétérinaire et injecter de l'antispasmodique en attendant sa venue.

En cas de venue du vétérinaire, lui communiquer :


- heure, dose, voie d'administration de l'antispasmodique s'il y a lieu. FC avant l'injection (et FC normale).
- réaction du cheval à l'antispasmodique (s'il y a lieu)
- crottins et urine : quantité et aspect
- quantité d'eau bue

- type de cheval (race…), sexe, mode de vie,
- pour les juments : préciser si elle est pleine, si elle est en chaleur,
- historique d'apparition des symptômes (et préciser s'il s'agit ou non d'une récidive)
- protocole de vermifugation suivi,
- changement récents d'alimentation
- source de stress récent

S'il doit y avoir chirurgie, les meilleurs chances de succès sont obtenues si l'intervention à lieu moins de 12 heures après le début des symptômes de coliques.


L'ordre de grandeur pour une intervention chirurgicale est de 4000 euros.

Il faut s'être posé la question avant de ce que l'on va décider en pareil cas.

Il existe des possibilités d'assurance pour le coût des interventions chirurgicales.
( mais pas si le cheval dépasse un certain âge)

Attention, il est illégal de faire des injections sur d'autres chevaux que les siens.

Mais quand bien même c'est illégal, cela peut sauver le cheval. Les gérants de pension sont fortement conseillés d'inclure un paragraphe à ce sujet dans leur contrat de pension, cela ne rendra pas pour autant la chose légale, mais sera mieux que rien en cas de conflit.


Noter que les antispasmodiques (ainsi que la plupart des produits vétérinaires) ne seront délivrés que sous ordonnance d'un vétérinaire.

Après la crise…

Ne rien donner à manger tant que tous les symptômes ne sont pas passés ni dans les quelques heures qui suivent. Normalement, un cheval en coliques ne mange pas de lui même. Puis recommencer à alimenter en divisant par deux la quantité habituelle pendant 3 jours ou en donnant des mashs à la place. Donner peu de foin.


Note perso : je n'ai pas demandé sur le coup (elle ne l'a peut être pas dit à l'oral), mais pourquoi "peu de foin" ? (et pas "pas du tout de concentrés" ?)

Origines

Identifier la cause de l'évènement pour tenter d'éviter les récidives.


Origines possibles des douleurs provoquant des coliques :

- système intestinal
- système urinaire
- système vaginal
- testicules (si le cheval entier a une réaction inhabituellement violente lorsqu'on cherche à lui toucher les testicules : torsion testiculaire :> cas de chirurgie)
- ovaires
- maladie générale (piroplasmose)

Origines possible des coliques dues à des problèmes intestinaux :

- parasitisme
- bouchon de paille (nécessite en général l'intervention vétérinaire)
- sable dans le tube digestif (conduit à des coliques "à bas bruit")
- stress (coliques qui répondent bien aux anti-spasmodiques)

Prévention


Prévention des coliques digestives :

- nourrir dans le calme, en particulier faire plusieurs point de dépôt pour les chevaux au pré en troupeau
- accès facile à l'eau (même pour les individus dominés)
- litière de copeaux pour les chevaux au box sujets aux coliques de paille
- attention aux terrains sableux, cf ci-dessous.


Prévention des coliques de sable

Facteurs de risques :

- chevaux résidants une partie du temps sur terrain sableux
- chevaux mangeant de l'herbe rase sur terrain sableux
- ration distribuée directement au sol


Test possible : prélever une boule de crottin sur le haut du tas et faire décanter dans de l'eau. Détecter la présence ou non de sable au fond du récipient utilisé. L'évacuation du sable dans les crottins n'est pas régulière, il faut recommencer plusieurs fois pour ne pas passer à côté.

Prévention :

- laisser du foin à disposition a volonté pour ne pas que le cheval aille racler le peu d'herbe au sol (il est également probable que l'ingestion de fibres contribue à l'évacuation du sable).
- impérativement utiliser une gamelle pour distribuer la ration de concentrés s'il y en a une
- "cure de désensablage" pour les chevaux à risque

"Cure de désensablage" :
- Sand Clear, 100g/jour pendant 3 semaines - peu appétant
- graines de psyllium (principal constituant du sand clear) - encore moins appétant

merci beaucoup

Citation :

Note : trop de douleur trop longtemps amène à des problèmes cardiaques.

A t'elle donné une explication physiopathologique de ce mécanisme ? Ou précisé quel type de problèmes cardiaques ça créait?

merci d'avance

C'est juste que la Fréquence Cardiaque se cale sur la douleur.
Plus le cheval a mal, plus elle monte, plus tu rentre en zone rouge de fréquence alarmante et le coeur finit par lâcher ou se détériorer.