Bon, alors, l'histoire du "report de poids sur l'épaule gauche" .Topo technique : ben si vous avez un cheval qui navigue en étant toujours plus en appui sur l'épaule droite, débrouillez vous pour lui faire comprendre qu'il peut naviguer en reportant du poids sur l'épaule gauche. Et au bout d'un certain temps (genre 3 semaines de variations assidues sur le thème?) , vous verrez peut être des asymétries bizarres au niveau des épaules diminuer…
Je ne peux pas vous dire mieux. Je peux juste vous décrire mon expérience avec Igor, pour vous dire dans quelle direction je cherche et l'effet que j'en ai vu sur le cheval.
Topo "philosophico expérimental" / retour d'expérience sur Igor :Cela fait longtemps que je me suis aperçue qu'Igor a un creux derrière l'épaule droite. Il a aussi le pied ant. droit plus petit que le gauche.
Le diagonal droit est aussi un peu pathologique, dixit mon MF.
L'ostéo a cru la dernière fois que le cheval avait un pb à l'arrière gauche, mais après inspection me dit qu'en fait non, ce qu'il voit serai plutôt la conséquence d'un dysfonctionnement antérieur.
Bref, le Tout Pelé est un petit vélo avec une roue voilée, rien de neuf sous le soleil.
Ma grande quête actuelle de "gymnastique du cheval", outre le fait qu'elle est une suite logique de ma progression équestre personnelle, a été surtout à la base un impératif de plus en plus urgent de savoir comment réaligner les roues dudit petit vélo, sous peine de le voir se gripper définitivement avant l'heure.
Karen Rohlf dit : "beween all the crooked places, there is a place of alignement" ("quelque part entre toutes les positions tordues, se trouve une position de rectitude"). Et elle dit de balancer le cheval d'une position extrême à l'autre, pour lui donner la chance d'expérimenter un autre "schéma corporel" (un autre fonctionnement). Et donc qu'en passant d'un extrême à l'autre, à un moment donné, le cheval passe par une position où il est plus "aligné", et où il peut relâcher ses tensions. Et si on compare le cheval à un petit vélo avec une roue voilée… la position "alignée", c'est la position ou la roue est bien droite, et donc ou le vélo roule beaucoup mieux.
Là, on rejoint le Feldenkrais et l'idée qu'il faut explorer la gamme des mouvements possibles pour retrouver un fonctionnement sain/physiologique duquel on a pu s'écarter.
KR fait ça avec les chevaux (leur faire explorer la gamme des mouvements possibles). Tu sais que le cheval a trouvé une place de "meilleur alignement" quand il donne des signes de relaxation (extension/descente d'encolure, "snort" ( = ébrouement en français ???), soupir, cheval qui mâchonne tranquillement…).
J'ai commencé à bricoler dans ce sens, autant à pied qu'à cheval. L'idée est de déterminer comment le cheval est "tordu", et de lui demander fréquemment de prendre une position opposée.
Genre s'il met toujours beaucoup de poids sur l'épaule droite, bosser à lui demander de bouger les épaules vers la gauche.
En théorie, rien de transcendant, tout le monde sait déjà ça. Ca devient transcendant par contre quand on commence à voir les effets en pratique, une fois qu'on trouve comment être un minimum efficace.
J'ai découvert en parallèle la nana du Straightness Training, et je me suis mise à travailler beaucoup à pied à l'épaule, sur des exercices du type EED et HED.
Il a fallu 3 semaines de plus à Igor pour obtenir l'amorce de HED à droite versus le HED à gauche. J'ai alors pris conscience de l'ampleur du pb de dissymétrie question incurvation sur ce cheval.
Puis j'ai rencontré Carole, l'intervenante d'Equitation Centrée, chez Gaelle, qui m'a corrigée sur un truc important (le cheval doit garder le nez en face du milieu du poitrail dans l'EED - du coup je me retrouvais à lui repousser la tête loin de moi alors qu'avant j'avais tendance à la tirer vers moi), et m'a fait travailler à agrandir des cercles, en gardant le nez en face du milieu du poitrail.
Suite à ça, j'ai pris conscience que le cheval mettait beaucoup de poids sur l'épaule intérieure, surtout si c'était l'épaule droite.
Donc j'ai travaillé assidument l'agrandissement des cercles, surtout à main droite.
Puis j'ai continué, comme Carole me l'avait indiqué, en repoussant les épaules jusqu'à ce que le cheval amorce un demi tour sur une grande courbe (les épaules parcourant plus de chemin que les hanches - je pense que ça correspond à de la contre épaule en dedans sur une grande courbe - si on serrait la courbe au maximum, on arriverait a une pirouette autour des hanches, en contre pli)).
Je travaillais alors en caveçon. Quand j'ai commencé à demander au cheval de vraiment reporter du poids sur l'épaule extérieure (et surtout à reporter le poids vers l'épaule gauche), alors est apparu un curieux phénomène de cheval ayant des mouvement spasmodiques de mâchoire. Sur un mors, j'aurai dit "défense à bas bruit sur le mors d'un cheval qui se sent trop contraint". Sauf qu'il n'y avait pas de mors. Et que je ne mettais définitivement pas une contrainte forte, et que le cheval se prêtait de bonne volonté à l'exercice, même s'il faisait ce truc franchement bizarre avec sa bouche.
Au bout de quelques séances, le truc à disparu.
Il a réapparu lorsque j'ai commencé à faire les mêmes exercices au trot. Puis, avec la pratique, à rediminué.
Il s'est passé la même chose sur Kaiser.
Je suis à peu prêt sûre qu'il s'agit de l'expression au niveau de la mâchoire que l'exercice demandait au cheval de mobiliser certains muscles / de décontracter certaines tensions/ de passer dans un fonctionnement inhabituel. Je me suis mise à considérer que c'était le signe que je mettais bien le doigt sur un problème à résoudre, et je mobilisais donc le cheval jusqu'à trouver le type de mobilisation qui provoquait le phénomène.
En travaillant ainsi, je me suis rendue compte des terribles problèmes de coordination/difficulté de report de poids, de chacun des deux chevaux. A ce stade, je ne pouvais plus bosser à cheval tellement ça me paraissait inutile : si je n'étais pas capable de déplacer fluidement les épaules ou les hanches d'une simple pression de la main à pied, au pas puis au trot comment pouvais-je espérer obtenir ça à cheval ?
J'ai donc travaillé plusieurs semaines comme ça. Beaucoup au pas, un peu au trot. En mixant ce que m'avait montré Carole, ce que je voyais de la nana du Straigthness Training et aussi un peu des DVD de B. Drummond sur le travail à pied.
Et un jour en regardant Igor, je me suis aperçue qu'il avait une espèce de grosse masse un peu gonflée triangulaire, en avant de l'épaule/garrot. Ca m'a tiré l'oeil, j'étais sûre que ça n'était pas là "avant". J'ai palpé, ça n'avait pas l'air trop pathologique. J'ai regardé de l'autre côté, c'était là aussi. J'ai alors réalisé, que ce truc, c'était peut être du muscle qui n'étais pas là avant. En arrivant chez moi, j'ai pris un bouquin d'hippologie…. et j'ai vu que ma "masse triangulaire"… c'était pile poil la partie antérieure (cervicale) du muscle trapèze.
- Anatomie:
Et le lendemain, j'ai examiné le trou derrière l'épaule droite (versus le côté gauche), pour constater que ça ne me semblait plus aussi marqué qu'avant. (derrière l'épaule, c'est la partie thoracique du trapèze).
Pendant le travail, je me suis mise à observer cette zone… et sur certains mouvements, je vois "vivre" le muscle (on le vois "gondoler" sous la peau).
Et je n'ai pas des hallucinations mdr (parce que dès fois j'ai des doutes), une nana de la pension m'a fait une remarque en rigolant sur "le gras sur l'encolure" peu de temps après… et j'ai eu le plaisir de lui faire vérifier à la palpation que ça n'avait pas vraiment la texture du gras…
L'ostéo, venu après cette période de travail à pied, m'a aussi donné pour consigne de bien échauffer le cheval parce qu'il avait "beaucoup de masse musculaire, ça se voit qu'il a de l'appaloose". Pour l'anecdote, je lui avait montré le cheval car le hasard à voulu qu'une nana fasse venir le même osteo qui avait vu Igor juste avant que je ne parte à Bordeaux, et qui l'avait trouvé à moitié crevard (cf compte rendu quelque part sur ce post, mars 2011) Et que j'étais curieuse d'avoir un nouveau bilan du cheval fait par le même mec 2ans et demi après.
En parallèle, je me suis aussi aperçue que le cheval, une fois le travail terminé et qu'il roupillait devant la porte en attendant que son pote ai bossé, se reposait arrêté au carré… et bien moins "sous lui devant" que dans mon souvenir.
Et tout ça en ayant travaillé uniquement à pied, et très majoritairement au pas.
Pour terminer, au niveau "trucs lus ailleurs mais liés à la question" :
- il y a un mec qui s'appelle JP Giacomini qui dit (entre autres) que les blocages (musculaires) sur les antérieurs sont une cause majeure de locomotion dégradée. Il a développé une méthode qu'il appelle "endotapping" qui s'avère bien plus intéressante que je ne l'avais jugée au premier abord. J'avais failli vous faire un post sur le sujet à l'époque où je l'ai découvert.
- lu un retour d'expérience sur le blog d'easy care, où la nana dit que pour améliorer les aplombs, plutôt que d'avoir un pareur qui essaye encore et encore de corriger la chose "du bas vers le haut" (corriger le pied en espérant voir la locomotion s'améliorer), il faut mieux gymnastique le cheval, ce qui l'équilibrera "du haut vers le bas" (l'amélioration de la locomotion améliore les aplombs) :
"It was pointed out that most horses do naturally have a dominant side and if you look closely, the hoof on the dominant side will have a lower angle than the hoof on the weaker side. Doing various gymnastic exercises with your horse to strengthen the weak side will help even out the hoof angles to make both front feet closer to matching so our farriers don't have to try to correct things from the bottom up over and over. This is distincly obvious in my own mare and now that I am aware I will be working hard to adjust her strength and balance from the top down! - "
Bon, ok, à ce sujet j'ai encore pas mal de boulot sur mes chevaux…